Pour qui, des exemples de thérapie

Des indications et les objectifs thérapeutiques

Il peut y avoir beaucoup de différentes raisons, aussi appelés des « indications », pour vouloir entreprendre une art-thérapie systémique, comme :

  • avoir un manque de confiance en soi, ne pas savoir « prendre sa place »
  • de multiples problèmes et pertes suite à une immigration, sur une ou plusieurs générations
  • des problèmes de couple, une difficulté de communiquer, une séparation douloureuse ou un divorce, parfois avec des problèmes qui peuvent apparaitre chez l’enfant
  • des personnes qu’on ne voit plus : des clivages ou « cut-offs » douloureux avec des amis, dans la famille ou dans la fratrie
  • traverser une période de transition difficile, par exemple suite à un déménagement ou expatriation, une maladie, un changement de travail, un changement d’étape de vie comme devenir parent, le départ des enfants, la retraite
  • des comportements inquiétants d’enfants et d’adolescents, suite à un évènement traumatique, mais aussi quand on n’en trouve pas une cause évidente
  • un parent très fatigué, des enfants qui n’écoutent pas, besoin de soutien à la parentalité
  • reproduire à son insu des problèmes relationnels, des conflits
  • une adoption difficile pour l’enfant, pour le parent, des problèmes d’attachement, des questions d’identité
  • des dépendances qui posent problème, des addictions avec ou sans substances
  • une frustration, une anxiété, une colère, une haine qui ne veut pas s’apaiser
  • une perte ou un deuil : d’un membre de famille, d’une personne proche, d’un travail
  • des insomnies ou cauchemars ; de la solitude
  • des sentiments de honte ou de tristesse ; une dépression
  • la difficulté d’aborder certains sujets, des non-dits, des problématiques autour des secrets
  • vouloir comprendre le fonctionnement de sa famille, vouloir mieux se comprendre soi-même, vouloir se sentir « légitime », vouloir améliorer une situation, vouloir devenir acteur de sa propre vie.

Parfois il n’est pas si simple de déterminer tout de suite pourquoi on ne va pas bien, et pourquoi on consulte un thérapeute. Trouver les « objectifs thérapeutiques » est un travail tout à fait au cœur de la thérapie. Ce travail peut se faire par un détour via la création artistique et par des questions circulaires ou directes. Des « pistes », des hypothèses peuvent émerger par l’observation, un processus de création et de la parole. Les objectifs thérapeutiques ne sont pas des buts en soi, mais des leviers de travail. Le système de chacun change en permanence, et le chemin vers un mieux-être peut s’adapter tout au long de la thérapie.

Des exemples de thérapie :

Un enfant et le soutien de ses parents

  • Greg choisit plusieurs feutres et craies noirs. L’enfant s’enferme et pique des crises chez lui, il a perdu son chien qui le suivait partout. Lors du troisième atelier je lui propose du charbon et il écrase le bâton, puis commence à dessiner des croix. Avec ses parents nous avons vu ensemble comment ils peuvent passer du temps spécialement avec lui à la maison, mais aussi comment les rituels et les règles de la vie quotidienne restent importants. Après plusieurs séances, il s’intéresse aux crayons aquarelle, et découvre comment on peut les mouiller et obtenir de l’eau colorée. Il commence à explorer ce liquide et fait des coulures. Il souffle dans de grandes gouttes d’eau rouge et obtient des « explosions de peinture » sur le papier aquarelle. Quelques séances plus tard, je lui propose de la pâte à modeler en couleur, et il en fait plusieurs animaux. Il fait un loup méchant qui veut manger un des petits qui meurt. Ainsi l’évènement douloureux est « témoigné » et il l’intègre petit à petit. Après la fabrication d’autres animaux qui deviennent des amis, Greg peut dire que son chien lui manque. Nous allumons une bougie pour son chien, et Greg la souffle. Il prend la bougie et un cutteur, et la transforme en un bâton de cire lisse et fine. Vers la fin de la thérapie Greg fait une empreinte de sa main dans de la pâte à fibres qui sèche et durcit à l’air. La fois suivante il la peint et la finit avec du vernis brillant : il se fait une trace avec soin, et a retrouvé sa place. Ses parents confirment que ses colères s’apaisent, qu’il va mieux.

Un binôme parent – enfant

  • Stephan, père de Jonathan en classe de CM1, m’appelle après une réunion avec la maitresse qui indique que Jonathan ne s’autorise pas de faire des erreurs en classe. Il montre de la peur de l’échec, même si ses notes sont plutôt bien. Stephan indique qu’il a lui-même tendance à tout faire de façon perfectionniste, et d’exiger du pareil de son entourage, comme son ex-femme le lui rappelait souvent. Je lui explique que j’ai besoin de lui, le parent, pour pouvoir au mieux amener son fils à reprendre confiance en lui. Je propose un premier atelier d’observation. Ils décident de faire une maquette d’une maison. Le père s’occupe des murs, et le fils veut faire une table et des chaises en papier. Aussitôt Stephan est en train d’aider son fils, au point de vouloir couper le dossier d’une chaise à sa place, même si Jonathan avait commencé à faire une chaise qui tenait debout. Quand je restitue mes observations et hypothèses de travail au père lors de l’entretien suivant avec lui seul, il reconnaît toute de suite que son fils n’avait pas vraiment besoin de son aide, mais que c’est plus fort que lui. Je propose une consigne précise pour le prochain atelier, et Stephan se montre preneur de l’idée. Lors de la prochaine séance Stephan complimente son fils sur ses capacités manuelles, et son choix du papier épais pour le mobilier. Lui-même explique qu’il va s’occuper de la fenêtre, et qu’il estime que Jonathan fait du beau mobilier. Le retour positif et la reconnaissance des qualités de Jonathan par son père fonctionnent. Seules quelques séances sont suffisantes pour que Jonathan se détende aussi en classe.

Une famille avec un (pré)adolescent

  • Les parents de Hugo ont annoncé qu’ils vont déménager de nouveau. Pour ce pré-adolescent cette annonce est dure à digérer et à accepter. Enfant d’expatriés, il est déjà passé par le choc culturel, et il montre sa colère avec du papier kraft qu’il froisse et déchire. La colère est une émotion « secondaire », qui couvre sa frustration et son inquiétude. Nous construisons une tente avec des tissus, une corde et des pinces à linge, et le papier kraft devient un tapis par terre. Il invite un nouveau copain (la thérapeute) dans sa tente et à sa demande nous jouons la rencontre avec cet ami dans le nouveau pays. Il lui offre une boisson d’eau colorée avec de l’encre orange et un biscuit avec des cerises rouges qu’il a fabriqué avec de la pâte à modeler.

Une adolescente

  • Rose, 16 ans, vient pendant plusieurs mois en thérapie. Sa mère souffre d’épisodes anxieux et dépressifs, et elle est hospitalisée suite à une prise de tranquillisants. Ce n’est pas la première fois, mais cette fois-ci semble plus sérieuse. Le père de Rose s’organise tant mieux que mal pour faire tourner le foyer. Il fait de longues journées de travail, mais Rose sait que son père est là pour elle. Malgré ce soutien, elle se sent tendue, anxieuse, et elle a du mal à se concentrer au lycée. Elle joue avec la douceur du toucher de la farine, qui se transforme en une pâte liquide en ajoutant de la peinture mauve, et elle dit qu’elle s’inquiète pour sa mère. Quelques ateliers plus tard elle a envie de taper, et je lui propose un bout de marbre et un marteau. Elle le casse avec force, puis se rend compte de sa colère envers sa mère, colère dont elle se sent également coupable. La fois suivante elle construit une sculpture avec les morceaux de marbre, et nous parlons de sa famille. Sait-elle quelles vies avaient ses parents à son âge ? Sa tante favorite, la sœur de sa mère, lui donne des « clés » : des informations jusque-là non parlées à Rose, qui lui permettent de comprendre la souffrance de sa mère, liée à un traumatisme quand elle avait l’âge de Rose. On dit que l’anxiété est « contagieuse » : elle se transmet du parent à l’enfant sans mots. Connaître l’origine, et donc le contexte du trauma de sa mère lui aide à donner une place en dehors d’elle même à son anxiété jusque-là inexpliquée.

Une adulte en période de transition

  • Kerstin, femme de 55 ans, a des troubles du sommeil. Après une vie de mère au foyer avec un revenu confortable de son conjoint, le divorce a fait basculer sa vie, et elle se sent dépressive. Elle déchire du papier épais, puis en fait un collage avec des couleurs intenses. Un jour quand je lui propose de faire un dessin avec tous les systèmes dont elle fait partie, elle me dit : « Ah, c’est plus facile de parler avec un crayon dans la main ! ». Parler et créer en même temps lui font du bien. Elle n’a pas besoin de gagner de l’argent, mais le vide quotidien pèse sur elle. Nous voyons qu’elle a plusieurs amies au Danemark, et qu’elle aimerait s’investir dans la vie sociale de son quartier à Paris. Elle décide de se ressourcer dans son pays d’origine, mais qu’il est également important d’activer et de développer davantage ses contacts avec ses voisins et les associations du quartier. Après quelques mois de thérapie, elle se rend compte qu’elle dort mieux.

Un professionnel

  • Frank est un éducateur spécialisé qui aime son travail, mais il n’arrête pas de se mettre en avant quand il se trouve parmi ses collègues. Il se rend bien compte de ce qu’il fait, car il m’explique qu’il essaie de masquer ainsi son manque de confiance en lui. Ses sculptures faits dans l’atelier sont riches en recherche, il a une bonne connaissance des matériaux, et je le trouve très doué avec ses mains. Nous revisitons son enfance, et il m’explique qu’il est le benjamin d’une grande fratrie, le « dernier », le « petit ». Je le ramène vers « aujourd’hui », et je lui « rends » ses qualités : je lui fais remarquer son énergie, son habileté manuelle, sa curiosité et son travail de qualité auprès des enfants. Il se rend compte que l’image qu’il a de lui-même ne correspond pas à la réalité du maintenant, et commence à se percevoir différemment, à se sentir « suffisamment bon ».

Une personne âgée

  • Albert Johnson se sent seul. Homme de 74 ans, c’est très amer d’avoir perdu son frère et déjà plusieurs de ses amis. Il choisit un catalogue de voyages et des ciseaux fins. Après avoir fait un collage sur le Népal, il m’annonce que son désir de voyager revient et qu’il aimerait faire de nouvelles rencontres. Je lui demande s’il peut se projeter en un travail en groupe, et je lui propose d’amener des catalogues de voyage pour le troisième âge pour la prochaine fois.

Une famille avec un jeune enfant

  • Lionel et Claire viennent avec leur fils Boris de 9 ans, qui souffre de nouveau d’énurésie nocturne (pipi au lit) depuis le décès de son grand-père maternel. Lionel fait des voyages fréquents pour son travail. Claire a fait un burn-out avant la naissance de Boris. Aujourd’hui, elle se sent dépassée par les problèmes de son fils, et la perte de son père la fragilise. Boris la provoque de plus en plus pendant les absences de son père, et avec la fatigue elle finit souvent à céder à ses demandes diverses. Lors de la deuxième séance d’observation je propose à cette famille la création d’un collage d’un jardin avec des fleurs. Je note que le père décide tout seul de faire le fond du jardin en carton, et que la mère et l’enfant font les fleurs, pas sans tension entre les deux. J’observe que Boris aide sa mère. Le rendez-vous suivant je partage avec les parents ce que j’ai pu observer. Nous décidons que lors du prochain atelier les parents fabriqueront un aquarium ensemble en utilisant une boîte de carton et du papier couleur. Leur fils fera des poissons. Si Boris essaie de provoquer sa mère, Lionel demandera calmement et fermement à son fils de s’adresser correctement à sa mère, et l’enfant ne devrait plus aider son parent. Il sera guidé par ses deux parents dans la suspension des poissons qu’il fera avec du papier et des feutres. Nous décidons aussi que Lionel va être un plus grand soutien pour sa femme quand Boris la provoque, et il appellera son fils chaque jour quand il est absent de la maison. Plusieurs ateliers avec des consignes pour des créations spécifiques ont permis de consolider le couple parental, et de laisser une place d’enfant à Boris. Lors d’un rendez-vous avec les parents seul nous parlons de l’importance des règles au foyer et des limites quotidiennes dont chaque enfant a besoin : tenir un cadre clair sécurise l’enfant. Et donner des tâches, même petites comme préparer la table pour le diner, donne une place à l’enfant. De plus, les parents peuvent ainsi donner un compliment à leur enfant, qui deviendra plus calme, car il se sentira vu et apprécié. Les rendez-vous avec les parents peuvent servir comme des moments de psycho-éducation, et de soutien à la parentalité. Les ateliers en famille sont de vraies mises en pratique des nouvelles interactions. Boris devient plus calme à la maison. Lors de la dernière évaluation avec les parents, Claire décide de reprendre contact avec son ancien psychothérapeute pour continuer l’intégration du décès de son père et de son deuil douloureux.

Une famille avec de grands enfants

  • La famille Polak consulte car les parents ne comprennent plus le comportement de leur fils Bram, 18 ans, qui consomme du cannabis quotidiennement et qui semble décrocher de ses études, tandis que sa sœur Miriam de 20 ans, élève brillante, n’a pas d’amis. Je propose un atelier d’observation avec une proposition simple à réaliser en famille. Bram arrive en retard, mais participe à la proposition « scène de plage ». La mère s’active dès le début, et décide qui fait quelle partie. La fille, assise à côté de sa mère, doit faire la plage en carton avec de la semoule collé sur la surface, le fils fera un bout de mer avec du film de cuisine sur du papier vert, le père fait un ciel en papier bleu avec des nuages en coton, et la mère crée 4 figurines en pâte à modeler qui sont assises côte à côte sur la plage. Le résultat répond à la proposition ; le processus de création me laisse avec le ressenti que les enfants sont beaucoup plus jeunes qu’ils le sont en réalité. Quand je partage mes observations et ressentis avec la famille, les parents indiquent qu’ils ont été assez stricts avec leurs enfants, et qu’ils ont du mal à les « lâcher ». Je demande à Bram s’il a une idée pourquoi sa mère s’implique autant, pour que la création soit parfaite. Il répond qu’il pense qu’elle est souvent nerveuse, peut-être à cause des histoires de sa famille pendant la guerre. Ce sujet s’avère difficilement abordable pour l’instant, mais l’hypothèse que les enfants, majeurs, ont l’âge pour s’autonomiser plus est accepté à l’unanimité. Je propose d’autres consignes, plus « guidées » pendant quelques séances, qui partent sur un court moment de création commune, et qui amènent ensuite à des créations individuelles et personnelles. Lors de ces ateliers, parents et enfants-adultes se découvrent d’une façon différente : parents et enfants ont beaucoup d’idées et de créativité. L’atmosphère se détend, et cela permet de proposer à la famille la fabrication de leur génogramme en couleur et matière. Des « trous » dans la famille se dessinent dans cette production, lors de laquelle Miriam et Bram découvrent à quel point la Shoah a laissé des traumas dans les familles de leurs parents. Deux ateliers d’expression et de création individuelle suivent. Vers la fin de la thérapie, chacun crée son blason systémique, où le passé a pris une autre place, où le présent montre une ouverture, et où des projets d’avenir se forment.

Un couple

  • Denise et Paul viennent me voir. Paul passe beaucoup de temps derrière son ordinateur le soir, et Denise se plaint d’un « vide » qu’elle ressent par rapport aux premières années de leur relation quand ils étaient encore amoureux, sortaient souvent, et passaient beaucoup de temps ensemble. Mais elle a du mal à lui en parler. Et sur le plan intime ? Ça c’est drôlement calmé depuis qu’ils habitent ensemble. Ce n’est pas rare, cette période de « déception » dans cette nouvelle phase de la relation. Tomber amoureux est une chose merveilleuse, mais aussi incroyablement complexe ! Nos désirs, nos attentes, mais aussi nos corps y sèment le bazar. Dans le nouveau couple on se sent accepté et compris par l’autre, mis en valeur, aimé. Il peut être très utile d’ailleurs de revisiter cette période pour retrouver les qualités de chacun quand on n’y pense presque plus lors d’une crise du couple. L’effet des phéromones qui stimule notre attirance physique se calme généralement après un an ou deux. Et quand on commence à vivre ensemble les aspects de l’organisation de tous les jours peut être un véritable challenge pour les conjoints. On peut découvrir que les habitudes, les règles, et ce qui est « normal » chez soi ne l’est pas forcément chez l’autre. Nos projections amoureuses sur l’autre « si parfait » au début ne correspondent pas toujours à la réalité de 3 ans après. Denise et Paul s’irritent à l’autre, des choses blessantes ont été dites, et cela les a éloigné, malgré eux. Par des dessins ils expriment leurs frustrations, puis ils explorent leurs blessures. Nous les retraçons vers des évènements désagréables ou traumatisants dans leurs jeunesses. A la suite, quand un nouveau conflit se présente, ils essaient de séparer les blessures du passé de la relation d’aujourd’hui. Maintenant Paul et Denise comprennent mieux leurs irritations, qui sont de bonnes sonnettes d’alarme qu’il est temps pour communiquer ! Je propose qu’ils dessinent et écrivent leurs qualités, et les qualités de l’autre. Par des créations jointes le couple met en pratique la gestion de conflit pendant l’atelier, et en dehors de l’atelier ils réalisent des tâches. Ils apprennent à poser des questions à l’autre avant de s’énerver, à exprimer leur propre besoin, à écouter l’autre, et à trouver une solution qui convient aux deux, et d’accepter un consensus au bon milieu.

Une fratrie

  • Magalie m’appelle car elle s’est vraiment fâchée avec son frère Frédéric. Magalie s’occupe de tout, et son frère lui renvoit qu’il en a marre : qu’elle en fait trop, et qu’elle veut toujours tout décider. Ils n’ont plus envie de se voir, mais leur mère âgée devient de plus en plus dépendante. De s’en occuper presque seule épuise Magalie, et elle a peur de craquer bientôt si rien ne change. Je lui propose de venir avec son frère. Elle peut lui signifier qu’elle a besoin de lui, et qu’elle atteint ses limites. Lors de la première séance frère et soeur se montrent tendus. En début de séance je demande s’il y a eu un moment tendu dans la famille quand ils étaient enfant. Oui, quand leur mère a eu une fausse couche, chose non dite pendant des années, mais ils se souviennent de sa dépression quand Magalie avait 10, et Frédéric 7 ans. Dans les fratries, les frères et soeurs sont nos meilleurs témoins : avec personne on n’a partagé autant. Je leur propose de me dessiner et d’exprimer leur famille nucléaire à ce moment-là, et d’indiquer les relations intra-familiales en couleur et forme, puis d’y ajouter quelques mots. Ils se souviennent des tâches ménagères que Magalie devait faire, et comment Frédéric, jaloux de cette place importante de sa soeur, s’emmêlait dans des bagarres à l’école pendant cette période difficile. Je signifie que toutes les deux ont donc souffert à cette époque-là. Cette reconnaissance mutuelle a permis à la fin de la séance une autre proposition : d’indiquer, en mots ou en dessin, les forces de l’autre. La séance suivante nous les reprenons : Frédéric gagne bien sa vie et voit les grandes lignes. Magalie est une vraie organisatrice, et elle va jusqu’au bout des choses. Nous élaborons ensemble comment chacun peut utiliser ses forces pour mieux fonctionner ensemble dans l’organisation autour de leur mère. Frédéric veut bien payer une personne qui peut s’occuper de quelques heures de ménage et quelques heures de soin chaque semaine, et il demande à Magalie si elle peut s’occuper de l’organisation de tout cela. Magalie veut bien apporter quelques repas à sa mère pendant la semaine, tandis que Frédéric ira la voir tous les dimanches, voire organiser quelques sorties en voiture avec leur mère.

Une nouvelle famille

  • Nathalie et Cécile viennent avec leur fils unique Martin de 9 ans en thérapie familiale. C’est une « nouvelle » famille et ils consultent car Martin a des cauchemars dans lesquels il se retrouve seul et perdu dans une immense forêt. Lors du premièr atelier je remarque que Martin est très indépendant pour son âge. Quand il rencontre un problème technique, il trouve une solution lui-même, sans consulter ses parents, et Nathalie et Cécile travaillent de façon indépendante tandis que j’avais proposé la création jointe d’un collage de leur famille nucléaire. Lors du prochain rendez-vous avec les parents, je partage ceci avec les 2 mères, qui se disent toutes les deux très investies dans leurs vies professionnelles. Elles concluent elles-mêmes qu’elles ne prennent en effet rarement du temps pour faire des choses ensemble avec leur fils en dehors des vacances scolaires. Elles trouvent chacune un créneau hebdomadaire pour passer un début de soirée avec Martin au lieu de le laisser avec une voisine ou un baby-sitter, et de planifier des sorties en famille les dimanches : cinéma, musée, balade. Pour le deuxième atelier je propose une création plus dirigée : les parents construisent un terrain de foot, et Martin fabriquera les joueurs. Je vois d’avance avec Cécile et Nathalie avec quels matériaux elles peuvent travailler. Lors de cet atelier de création en famille, Martin me pose une question technique, et je lui dis de poser cette question à ses parents. Ainsi les relations intra-familiales se renforcent. Lors de la troisième et quatrième séance les mères dessinent leurs familles sur 4 générations, et Martin y intègre son père donneur dont Nathalie et Cécile ont peu parlé jusque-là. Même s’il est inconnu, il est important pour Martin de lui laisser une place. Ce jour-là l’enfant découvre qu’il a un « oncle perdu », exclu de la famille. Cécile prend conscience que la coupure avec son frère lui pèse toujours, et se demande si elle ira à sa recherche, ce qui provoque de l’appréhension chez elle. Je lui propose alors de prendre une chaise qui symbolise son frère, et de l’inclure dans notre cercle. Je lui demande ce qu’elle désirerait lui dire lors de possibles retrouvailles. Elle est émue, et par le biais d’un dessin elle trouve des paroles justes. Martin dessine pendant ce temps. Il est étonné et très calme, car le « tout seul » de ses rêves commence à faire sens. Pour les 2 dernières séances en famille, ce sont Nathalie et Cécile qui ont inventé la proposition pour la création à faire ensemble. Ils terminent les ateliers avec plaisir et avec un véritable lien dans le faire entre parent et enfant.