Comment ça marche

L’art-thérapie créative et la thérapie systémique

Ce sont toutes les deux des accompagnements thérapeutiques pour des personnes et familles en difficulté psychologique vers un mieux-être. Vos créations, vos paroles et l’accompagnement bienveillant du thérapeute vous permettent de vous exprimer, de vous sentir vu et entendu, puis de découvrir et de reconstruire.

Créer = transformer : l’art-thérapie

Le toucher et les matériaux des arts plastiques sont de merveilleux points de départ. Vous y trouverez doux et dur, sec et liquide, lisse et rugueux, des couleurs, du noir, du blanc, et plein de nuances de gris. Vous pouvez les transformer en une création sur papier ou en volume :

  • Avec les craies grasses et dures, Lucie exprime sa colère sur un bout de carton ondulé. Elle le tape et raye. Elle est emmêlée dans des conflits à répétition. La parole et une recherche vers l’origine de ces situations douloureuses sont parlées et exprimées. Elle commence à colorier le carton, ce qui produit un bruit surprenant. Elle y prend plaisir, et elle est plus calme à la fin de la séance. La fois suivante elle explore la douceur des pastels secs. Avec ses doigts elle mélange les couleurs sur le papier granulé, et un dessin émerge.

Des émotions et associations peuvent surgir, et des mots et écrits peuvent être ajoutés aux productions. Il n’y aura ni jugement, ni interprétation des créations. On donne une place à ses frustrations et ses traumas, on se fait du bien, et tout est bon dans cet atelier. Différentes médiations de l’art-thérapie sont décrit dans cet article.

Les outils de l’approche systémique

Ces outils spécifiques aident très vite à induire des découvertes, dénouer des situations bloquées, et amener vers des projets d’avenir réalistes. Ils permettent de travailler la dépression, de la culpabilité, de la honte, de comprendre une répétition surprenante, d’aborder un non-dit, un trauma trans-générationnel, ou de parler d’un membre de famille qu’on n’a pas contacté depuis des années …
Quand un enfant, adolescent ou adulte va mal, son entourage en est affecté, et quand une personne dans une famille est présentée comme celle qui pose problème, nous savons que tous les membres de la famille souffrent, et que la solution se trouve dans le système lui-même.
La circularité est un outil systémique efficace qui amène à de nouvelles compréhensions lors d’un travail avec une famille, un couple ou une fratrie, mais aussi en individuel. Penser en circularité stimule de l’empathie, qui est un levier thérapeutique puissant.
Quand plusieurs membres d’une famille se disputent, chacun y participe inconsciemment d’une façon circulaire. Il est donc utile de voir ensemble comment le passé a amené le système à fonctionner ainsi, et comment on peut inverser ce cercle invalidant. Un bel exemple d’une thérapie familiale systémique est décrit dans cet article. Une fois les émotions exprimées et transformées, on peut utiliser cette énergie de façon positive, et trouver ses qualités pour mobiliser celles du système.

  • Jean et Liliane se plaignent d’avoir « perdu la flamme », et le couple se noie dans des conflits sans fin. La thérapeute demande alors aux époux de se souvenir de leur rencontre, du début de leur relation amoureuse. Elle pose des questions circulaires : « Jean, quoi à votre avis a fait que votre épouse est tombé amoureuse de vous quand vous vous êtes rencontrés ? », et : « Liliane, qu’est-ce que Jean a vu en vous qui a fait qu’il a eu un coup de foudre pour vous ? ». Les époux se souviennent alors du début de leur amour. Ils s’ouvrent aussi aux possibles pensées de l’autre et se mettent dans la peau de leur conjoint. Quelques séances plus tard Jean et Liliane prennent conscience de leurs anciennes blessures, et une compréhension plus juste émerge sur quoi appartient à qui, ou à quel vécu antérieur. Ils pansent et guérissent leurs anciennes plaies, et commencent à vivre leur relation dans le présent. Ils sortent de nouveau, en couple et avec leurs amis.

Le génogramme familial dessine et exprime la place de chacun et les multiples types de relations intra-familiales et inter-générationnelles. Cette symbolisation peut être très utile pour trouver et comprendre ses difficultés dans un contexte de guerre, d’immigration, de perte, de trauma, de honte ou de clivage familial.
Des douleurs auparavant indicibles peuvent avoir été « mises en acte » par des enfants ou même les petits-enfants, attirés à leur insu par les « trous noirs » de paroles et d’actes qui se forment autour des non-dits. Il s’agit dans ces cas de traumatisations trans-générationnelles. La levée d’un secret de famille et la compréhension qui se met en place peut avoir un effet calmant et thérapeutique pour tous.
Il existe plusieurs génogrammes, dont le génogramme imaginaire, très adapté aux enfants.
Dans les exemples vous trouverez également l’utilisation d’autres outils systémiques comme les « chaises » et le « blason systémique » .

L’art-thérapie systémique

Cette thérapie offre de nouvelles propositions qui utilisent les outils des deux pratiques. Elle permet d’avoir différentes expériences : à travers « le dire » , et aussi de façon expérientielle par « le faire » .

  • Liesbeth et Carl viennent me voir après le départ soudain de leur fils Antonin de 18 ans. Auparavant très pris en tant que parents par des problématiques diverses de leur fils unique, Carl et Liesbeth se retrouvent soudainement seuls en tant que couple marital. Les difficultés d’Antonin ont commencé quand il avait 7 ans, et son départ à 18 ans s’est fait dans un climat conflictuel. Liesbeth aimerait tourner la page, et couper les relations avec Antonin. Elle vient pour son mari, qui lui a le sentiment d’avoir perdu son seul enfant pour de bon. Je leur propose de prendre une grande feuille de la couleur de leur choix, de la diviser en 4 parties, et de faire chacun 3 dessins avec leurs propres souvenirs : à 7 ans, à 18 ans, et « aujourd’hui ». La 4ème partie, « demain », se dessinera ultérieurement. Liesbeth choisit les feutres, Carl les pastels. Grace au dessin à 7 ans, Liesbeth retrouve ses émotions autour de sa relation forte avec sa grand-mère qui est décédée quand elle était en CE1. Carl se rend compte qu’il a quitté lui-même le foyer de ses parents à 18 ans. Nous prenons 2 séances pour explorer et dessiner les caractères des différents membres de la famille et les relations entre eux. Des répétitions de coupures et de pertes émergent. Liesbeth comprend pourquoi elle a voulu se protéger aujourd’hui contre sa douleur du départ de son fils qui réveillait la douleur d’autres coupures du passé. Vers la fin de la thérapie ils dessinent la 4ème partie de « demain » sur la grande feuille du premier atelier. Carl dessine son amitié avec un ancien copain qu’il a décidé de recontacter. Ensemble ils décident d’aller suivre un atelier de poterie dans leur quartier, et de reprendre contact avec un des frères de Liesbeth. Ils se montrent plus tranquilles par rapport à l’idée de revoir Antonin quand le moment viendra.

Cette forme de thérapie facilite également le processus thérapeutique pour ceux qui résonnent surtout « avec la tête ». Le détour que permet la création plastique facilite un travail « autre », et peut aider à retrouver ses sentiments et émotions.
Par cette approche active, les nouvelles compréhensions et interactions sont intégrées grâce au « faire », d’abord de façon ludique en atelier, puis par des tâches pratiques entre 2 séances dans la vie de tous les jours.

Beaucoup en commun

L’art-thérapie systémique peut avoir beaucoup en commun avec :

  • la psychothérapie : avec le couple Jean et Liliane une grande partie du travail thérapeutique se fait par la parole : nous revisitons la place de l’enfance et d’aujourd’hui de chacun au sein de sa famille. Nous trouvons les mécanismes de survie qui ont fonctionné dans leur jeunesse. Ensuite nous regardons quels anciens réflexes sont utiles, et lesquels gênent dans la vie d’aujourd’hui. Nous déterminons ensemble les objectifs thérapeutiques.
  • le coaching : dans le cas de Frank, un éducateur spécialisé qui a perdu sa confiance en lui après une séparation, je souligne ses qualités et les points forts qu’il me montre à travers ses créations et réflexions. Nous travaillons d’une façon efficace, on ne propose pas une thérapie longue si un travail court suffit. Assez rapidement, il réussit à changer sa perception de lui-même. Ainsi il retrouve son élan et le plaisir dans son travail.
  • un atelier de bien-être : Anne apprend comment occuper et tenir sa place dans le petit groupe de femmes isolées, et elle termine la thérapie avec des créations qui lui permettent d’évacuer le stress, et de se sentir en harmonie avec elle-même et avec le groupe.
  • la communication non violente (CNV) : très utile pour des couples et des familles qui souffrent de leurs disputes, et aussi pour des personnes ayant une difficulté d’exprimer leurs besoins vis-à-vis de leurs collègues ou amis. Comme pour Lucie, cette forme de communication est respectueuse de l’autre et de soi-même. On apprend à s’écouter et à observer les faits concrets, à exprimer ses sentiments et besoins sans vexer l’autre, et à voir ensemble comment améliorer la qualité de la relation.

Comme dans toute autre forme de thérapie, la confidentialité est un élément essentiel du travail en art-thérapie systémique. Ainsi, les noms et situations des exemples cités sur ce site ont été modifiés afin de garantir l’anonymat de tous.